Où vont les hirondelles en hiver de Pierre Rival

Publié le par Danièle et Muriel

Une hirondelle en hiver va forcément vers le sud, moi j'ai bien cru qu'elle finirait dans un goulag en Sibérie.

Tania Sminorva, l'héroîne du livre est une jeune fille russe agée de dix-huit ans, elle vit avec ses parents, dans un appartement communautaire à Moscou, géré par le détestable Voronine et sa mère, convoitant les biens et les espaces des autres locataires, ce Voronine n'hésite pas à les terroriser, à les menacer, à les surveiller et à les dénoncer à la police politique.

Nous sommes en 1941, l'Allemagne rompt son alliance avec la Russie et envahit le pays,Staline cherche à resserrer les rangs. Les coups s'abattent sans pitié sur la population, on traque les traites, les profiteurs

Tania, après le suicide de son père (Voronine l'ayant dénoncé) et ayant assistée à la fusillade qui a tuée son petit copain, décide de s'engager dans l'armée, elle sera affectée au rang de nettoyeuse :"l'effort de guerre c'était ça aussi: faire le ménage, nettoyer le champ de bataille et laisser derrière nous cette armée d'hommes nus".

Tania nous happe avec sa hargne, son désespoir et sa volonté de vivre, son humour, les violences de l'histoire ne l'atteignent pas, mais attisent en elle une agressivité de survie qui mène ses pas de Moscou à Paris.

Grâce à Tania, notre hirondelle, nous découvrons les années de guerre, la puissance du 

Où vont les hirondelles en hiver de Pierre Rival

régime stalinien, elle passera aussi quelques temps à la "Loubianka" la prison la plus dure de Moscou, mais maligne, elle arrivera à s'envoler jusqu'à Paris.

Où vont les hirondelles en hiver de Pierre Rival Editions Plon

"Pendant tout le temps que j'ai passé en Allemagne, juste après la guerre, c'est cette soumission des allemands qui m'a frappée, comme s'ils s'avouaient vaincus une bonne fois pour toutes et témoignaient par leur servilité même, de leur volonté de ne plus jamais exister comme peuple, de renoncer à toutes velleité d'indépendance".

"Comme si , en cet été 1945, nous n'étions pas tous logés à la même enseignes, Français comme Russes, Polonais comme Allemands. Il suffisait de regarder par la fenêtre. A l'infini, on n'apercevait que des tas de cailloux. Rien ne ressemble plus à des décombres que d'autres décombres; Une fois détruite, une maison n'a plus de nationalité; les gens qui couchent dehors n'ont qu'une seule patrie, celle des personnes déplacées. Communistes ou pas, des réfugiés, l'Europe en était pleine. Alors les apitoiements sur le sort des pays totalitaires, les démocraties pouvaient se les garder. Mais, non les occidentaux, c'est plus fort qu'eux, il faut qu'ils vous fassent la leçon: liberté, égalité, fraternité. Ces femmes qui affectaient de me plaindre, je sentais chez elles plus que du snobisme, un complexe de supériorité"

Je ne connaissais pas le sort réservé aux prisonniers de guerre russe , "ces russes qui avaient été faits prisonniers par les Allemands, et qu'on ramenait en union soviétique, pas pour les fêter, non, non pour les enfermer dans des camps et les laisser mourir. "Quand on sait, nous dit l'auteur, qu'il y a eu autant de morts que chez les juifs, avec les mêmes traitements, faim, froid, travail et chambres à gaz et que l'on en parle très peu".

Je constate que le sacrifice russe pendant la guerre est peu commémoré et je me demande comment il peut y avoir des gens aujourd'hui dans un pays libre comme la France pour s'inscrire au parti communiste compte tenu de l'histoire du parti;

un beau livre, poignant, qui se lit d'une traite.

Lu par Danièle

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